QU'EST-CE QUE LA VIE ?
On peut définir un être vivant comme un assemblage identifiable
d'atomes capable :
- D'assurer sa propre pérennité.
- De se reproduire ou de s'étendre.
- De s'adapter à son environnement, mais aussi d'agir sur lui
pour l'adapter à ses besoins.
- De tirer de l'environnement l'énergie nécessaire à toutes
ses fonctions.
Il y a sans doute bien des façons de parvenir à ce résultat, mais la
recherche de la vie, telle qu'elle est pratiquée par les biologistes,
est une recherche de la vie basée sur la chimie du carbone. Ceci n'est
pas un choix arbitraire : le carbone est produit en abondance au coeur
de
étoiles, et sa chimie est la plus riche qui soit. Or on considère
que des organismes évolués utilisent une chimie nécessairement très
complexe, que seul le carbone est à même d'offrir.
LA NAISSANCE ET L'EVOLUTION DE LA VIE SUR LA TERRE
Comme tous les corps du
système solaire, notre
planète est née il y a
4,55 milliards d'années, comme sous-produit de la naissance du
Soleil.
On ignore comment la vie est apparue sur la
Terre, il y a quatre
milliards d'années. Le dégazage intense de la jeune
planète avait
produit des océans d'eau chaude, sous une atmosphère de gaz carbonique,
de méthane, d'ammoniaque... Les expériences de laboratoire montrent que
dans de telles conditions se forment en abondance des molécules
organiques très variées. Dans des mares, des fissures, la concentration
a pu être assez élevée pour que le taux de réaction soit considérable,
ce qui a amené la construction d'édifices moléculaires de plus en plus
complexes, comme des acides aminés. Mais on ignore comment, par le jeu
de la sélection naturelle (au niveau chimique!), à travers quelles
étapes, on est un jour passé au stade ADN (porteur du code génétique) +
ARN (messager du code génétique, qui le traduit en protéines) +
protéines capables de produire à leur tour une copie conforme de l'ADN
de départ. Des catalyseurs (cristaux?) ont-ils facilité les choses ? La
panspermie n'apporte pas beaucoup d'éclairage sur les mécanismes
chimiques impliqués, et présente surtout l'intérêt de supposer qu'il y
a de la vie un peu partout; c'est donc une idée autant philosophique
que scientifique.
Ces molécules pré-biotiques devaient résister à l'eau qui avait
facilité leur rencontre mais risquait de les dissoudre; un jour, une
d'elle est apparue qui était encapsulée, isolée par une membrane de
lipides protégeant son ADN et ses protéines. On l'appelle en général
LUCA : the Last Universal Cell Ancestor ! Son programme génétique était
contenu dans une hélice d'ADN tournant à droite. Toute la vie
terrestre
en descend, et c'est pourquoi, de la bactérie à l'homme, en passant par
les pommes de
Terre, toutes les cellules ont des hélices ADN tournant à
droite, bâtie sur les mêmes quatre bases : adénine, thymine, guanine,
cytosine.
On n'en sait pas plus. Mais on sait qu'il y a 3,8 milliards d'années,
les océans grouillaient déjà de microbes qui ont laissé des traces dans
les plus vieilles roches connues, que l'on trouve au Groenland.
Le premier grand tournant se produit il y a 2,5 à 3 milliards d'années
: les cyanobactéries "inventent" la chlorophylle et la photosynthèse.
Capable d'utiliser la
lumière solaire pour transformer le CO
2
en matières organiques, leur succès a dû être foudroyant. Inconvénient
du procédé : il produit un gaz hautement toxique, inconnu jusqu'alors,
l'oxygène. Dans un premier temps, cela a dû faire des ravages. Bien des
organismes succombèrent, jusqu'à ce que, il y a 1,5 ou 2 milliards
d'années, un microbe trouve le moyen d'utiliser ce gaz pour se fournir
en énergie : c'est la respiration, le second grand tournant sur
Terre... On pense que les cellules à noyau, nées vers cette époque, on
réussi à s'associer à des bactéries respirantes, tirant ainsi à leur
tour parti de l'oxygène.
Les cyanobactéries existent toujours, mais leurs lointains ancêtres ont
laissé des traces fossiles : les stromatolithes, constructions
calcaires aquatiques. Ces organismes se présentent comme un tapis de de
filaments. Ils libèrent de l'oxygène et absorbent du gaz carbonique,
provoquant la précipitation du carbonate de calcium (calcaire). Ceci
forme une concrétion qui croît progressivement. Voir par exemple ce
site...
Autre grand virage : les cellules à noyau, il y a à peu près 1,5
milliard d'années, inventent la sexualité : au lieu de se diviser comme
les bactéries, elles s'assemblent, au contraire, pour combiner leurs
ADN, bénéficiant ainsi d'un patrimoine plus riche. C'est vers cette
époque qu'apparaît en effet la diversité dans les microbes.
Il y environ 1 milliard d'années naissent les métazoaires, formés d'un
grand nombre de cellules associées. Il y a 550 millions d'années, au
début de l'ère primaire, les océans étaient déjà grouillants d'êtres
rampants, flottants et nageant, proies et prédateurs.
Au début du Silurien (-450 millions d'années), la croissance de la
couche d'ozone à partir de l'oxygène produit par les océans procure à
la
Terre son bouclier anti-UV : la conquête de la
Terre ferme
commence... Les plantes tout d'abord, puis, au Dévonien (-400 millions
d'années), les premiers amphibiens.
Il y a 350 millions d'années, c'est l'invention de l'oeuf;
affranchissant les reproducteurs de la nécessité de rester près de
l'eau, il va permettre la colonisation des continents (l'unique Pangée,
à l'époque).
Au début de l'ère secondaire (-240 millions d'années) apparaissent les
premiers mammifères, qui allaitent leur petit après avoir démarré sa
croissance à l'abri dans l'abdomen de la mère, avantage considérable.
Il vont vivre tout d'abord dans l'
ombre des dinosaures, puis devenir la
branche dominante sur le plan de la complexité et de l'efficacité.
Au début du Jurassique (-200 millions d'années), les plantes se dotent
de fleurs et de fruits.
Il y a 65 millions d'années, les dinosaures disparaissent (avec
beaucoup d'autres espèces), sans doute suite à un impact météoritique
géant (Région de Chicxulub, Yucatan, au Mexique)
Et puis, il y 3 millions d'années seulement, les premiers hominiens...
LA VIE DANS LE SYSTEME SOLAIRE
LES PREMIERES MOLECULES
Les briques de base de la vie sont des molécules dites organiques, dont
les plus simples sont par exemple celles du méthane (CH
4),
de l'ammoniaque (NH
3), ou du cyanure d'hydrogène
HCN.
Ces molécules sont fragiles, et c'est pourquoi on imagine qu'elles se
forment et subsistent plus volontiers loin de toute source importante
de chaleur. On pense par exemple qu'elles se construisent à la surface
des grains de silicates
interstellaires, où des atomes et des fragments
moléculaires se "collent" au hasard des rencontres dans l'
espace. Le
taux de réaction est très bas, mais les durées sont immenses... Ces
grains, éventuellement incorporés à des comètes ou astéroïdes,
tomberaient ensuite sur les
planètes, leur apportant des constituants
de départ pour l'évolution vers la vie. C'est ce qu'on appelle la
panspermie. Mais les molécules pré-biotiques peuvent aussi s'être
formées directement sur les
planètes elles-mêmes.
LA TERRE
C'est la seule
planète habitée du
système solaire. Riche en eau, dotée
d'une température moyenne en raison de sa distance au
Soleil, la
Terre
s'est avérée un lieu où la vie pouvait prendre son essor. Son
atmosphère a été transformée par la présence des êtres vivants :
enrichissement en oxygène, disparition de la plus grande partie du CO
2,
piégé dans les carbonates des coquilles d'animaux marins qui finissent
par sédimenter sur le fond des océans, ou dans les dépôts de végétaux
fossilisés (pétrole, houille).
Le CO
2 est finalement re-libéré soit par les
volcans lorsque les roches sédimentaires sont retraitées par la
subduction de leurs plaques continentales, soit par l'activité humaine
qui brûle les combustibles fossiles. Les animaux marins le fixent alors
à nouveau. Mais la faible quantité de CO
2 qui
reste libre dans l'atmosphère a une importance considérable dans
l'équilibre thermique de celle-ci, en raison de l'effet de serre dont
chacun a entendu parler. La température moyenne a déjà augmenté sur
Terre, avec des conséquences difficiles à évaluer pleinement. Il
n'existe aucun mécanisme connu pour faire redescendre le taux de CO
2,
sinon cesser de brûler du pétrole et attendre très, très longtemps...
LES PLANETES TELLURIQUES
Mercure,
Vénus, sont des enfers torrides. La première n'a pas
d'atmosphère, la seconde a subi un effet de serre catastrophique, dû à
son épaisse atmosphère de CO
2, qui a élevé la
température au sol jusqu'à 450 degrés. Cette température interdit
d'imaginer une chimie organique complexe comme celle que nécessite la
vie.
Mars a donné autrefois quelques espoirs : dotée d'une atmosphère ténue
(1/100e de bar) de gaz carbonique, le climat y est peu près celui qui
règne dans les régions polaires de la
Terre. Il y a de l'eau dans les
calottes polaires, et de l'eau semble avoir autrefois existé à l'état
libre. La température a depuis chuté, l'eau a gelé ou s'est combiné au
fer des roches martiennes, leur donnant cette couleur caractéristique.
Deux sondes Viking ont procédé sur place à des expériences biologiques
de recherche de micro-organismes. A la grande surprise des chercheurs,
les résultats furent fortement positifs, en apparence, mais avec des
caractéristiques opposées de ce que l'on attendait d'êtres vivants.
C'est en fait le sol de
Mars lui-même, sous l'effet du rayonnement UV
du
Soleil, qui s'est révélé d'une activité chimique extrême, et, par là
même, très hostile à la vie. La plupart des scientifique ont
aujourd'hui abandonné l'espoir de trouver de la vie sur
Mars. Cette
planète reste tout de même, à très longue échéance, la principale
candidate à une occupation humaine. Mais il faudra pour cela beaucoup
de technologie, et beaucoup d'argent, et donc une très bonne raison
pour se lancer dans l'aventure...
LES PLANETES EXTERIEURES
Les
planètes extérieures (
Jupiter,
Saturne,
Uranus, Neptune,
Pluton),
sont trop froides pour que la chimie organique ait pu s'y développer de
façon importante, bien qu'elles présentent en abondance les substances
convenables dans leurs atmosphères. L'objet le plus intéressant est
Titan, satellite de
Saturne. Cette petite
planète est pourvue d'une
épaisse atmosphère d'azote, avec un peu de méthane et d'argon, plus des
composés comme CO, HCN, etc... Il est possible que la basse température
ait préservé, déposés sur le sol sous la forme d'une sorte de goudron,
des composés organiques primitifs; ceci intéresse beaucoup les
exo-biologistes.
LA VIE DANS D'AUTRES SYSTEMES SOLAIRES
On pense aujourd'hui que les
planètes sont un sous-produit ordinaire de
la naissance de
étoiles. Il doit donc exister une quasi-infinité de
planètes dans l'immensité de l'univers, on commence d'ailleurs à les
détecter, même si c'est de façon encore très indirecte. Certaines
abritent-elles la vie ? C'est une réflexion très difficile, entre
autres parce que nous n'avons qu'un seul exemple de chimie vitale,
qu'un seul arbre généalogique qui puisse nous servir de guide dans la
recherches de formes de vie. Si d'autres formes de vie, non basées sur
l'ADN et la chimie organique du carbone, ont jamais démarré sur notre
planète, elles ont été très vite éliminées au nom de l'efficacité par
nos ancêtres unicellulaires...
LA RECHERCHE DE LA VIE INTELLIGENTE DANS LA GALAXIE
EXISTE-T-ELLE ?
C'est une question sans réponse, bien entendu, mais qui mérite d'être
formulée. On utilise souvent pour cela la formule de Drake, qui donne
le nombre N de civilisations avancées dans
notre galaxie :
N = RS.FP.NP.FB.FI.FC.LC
- RS est le taux de formation d'étoiles dans notre galaxie.
- FP est la fraction de ces étoiles qui développent un
système planétaire.
- NP est le nombre moyen de planètes habitables dans un
système.
- FB est la fraction de planètes habitables sur lesquelles la
vie s'est effectivement développée.
- FI est la fraction de telles planètes où une vie
intelligente est apparue.
- FC est la fraction de ces civilisations qui ont développé
une technologie de communication à grande distance.
- LC est la durée de vie moyenne d'une telle civilisation.
L'état actuel des connaissances astronomiques amène à prendre RS =
10/an, FP = 1, NP = 1 (on suppose que le cas de notre
système solaire
est typique).
Les deux facteurs suivants sont de nature biologique, et plus
incertains. On prend par exemple FB = 1 (on suppose que si la vie peut
apparaître, alors elle apparaît nécessairement) et FI = 0,01. Sur ce
dernier point, on n'a pas d'idée précise, on aurait même tendance à
supposer que toute vie va nécessairement évoluer vers l'intelligence,
mais ceci est loin d'être prouvé. On adopte donc une valeur basse de
0,01 par sécurité...
Les deux derniers facteurs, de nature sociologiques, sont
extraordinairement difficiles à évaluer. Prenons par exemple FC = 0,1.
C'est à dire qu'on suppose que 90% des civilisations ne se préoccupent
pas de faire de la radio
interstellaire... LC est évidemment totalement
inconnu, son estimation dépend de l'optimisme avec lequel on voit le
destin de l'espèce : va-t-elle s'auto-détruire en utilisant la
technologie dont elle s'est dotée, va-t-elle au contraire développer
des mécanismes sociaux de régulation qui assureront une très longue
survie ?
Finalement : N = 0,01 LC
Si l'on est pessimiste, LC = 100 ans, si l'on est optimiste LC = 109
ans au moins, et N est compris entre 1 (nous sommes seuls!) et 107.
Dans ce dernier cas, en moyenne, de telles civilisations sont séparées
de 30 pc (une centaine d'années-lumière) dans
la galaxie...
ENTRER EN CONTACT DIRECT
Les voyages
interstellaires sont encore hors de notre portée, et nous
venons de voir que la plus proche civilisation risque de se trouver à
quelques dizaines, voire quelques milliers d'années-lumière de nous. Un
voyage d'une durée comprise entre quelques millions et quelques
milliard d'années, à la vitesse de nos engins spatiaux actuels... De
toute façon, compte tenu de la barrière infranchissable constituée par
la vitesse c, des nécessaires périodes d'accélération et de
décélération, les temps de trajet se compteront toujours en siècles ou
en millénaires. Cela n'a pas empêché les américains de déposer des
messages dans les sondes Voyager et Pioneer destinées à échapper à
l'attraction solaire. On considère que leurs chances d'être
interceptées sont extraordinairement voisines de zéro. Dans l'autre
sens, qu'en est-il des visites de notre
planète par des extraterrestres
? Elles ne peuvent pas avoir été motivées par nos émissions radio, trop
récentes pour avoir déjà atteint les berceaux de ces autres
civilisations hypothétiques. Il faudrait donc que ce soient des visites
"de hasard".
Il n'existe à ce jour aucune trace de visite de la
Terre par de telles
civilisation, malgré les innombrables allégations des soucoupistes de
tout poil... Et pourtant, tous les
astrophysiciens, tous les
biologistes, entreraient au Nirvana si on leur présentait une véritable
preuve de la visite de notre
planète par une civilisation
extraterrestre...
ENTRER EN CONTACT RADIO
Les USA et l'URSS ont à plusieurs
reprises lancé des programmes d'écoute ou d'émission radio. Le problème
reste très difficile, car tout le spectre électromagnétique peut en
principe être utilisé, et on ne connaît évidemment pas la direction
dans laquelle émettre ou écouter. On considère en général que c'est
l'émission en micro-ondes, la moins polluée par des sources naturelles,
et la moins absorbée par le milieu interstellaire, qui a le plus de
chances d'être le bon choix.
Tous les programmes ont jusqu'ici donné des résultats négatifs, ce qui
n'est pas très surprenant, et était d'ailleurs attendu. A côté de la
recherche de civilisations extraterrestres, la recherche d'une aiguille
dans une meule de foin avec les yeux bandés et des gants de boxe serait
un jeu d'enfant.
LA VIE SERA-T-ELLE ETERNELLE ?
La vie demande de l'énergie pour entretenir ses mécanismes chimiques de
base, sans parler des besoins techno-énergétiques énormes de notre
civilisation. Cette énergie nous est fournie en grande partie par le
Soleil, sous forme immédiate (photosynthèse, ...) ou fossile (pétrole,
...). L'énergie nucléaire, qui est actuellement indépendante de l'éclat
de notre
étoile, est tout de même une énergie fossile née avec le
Soleil. La vie, sur
Terre, va rencontrer trois caps difficiles à
franchir :
Dans 5 milliards d'années, extinction du
Soleil, après des soubresauts
qui auront rendu la
Terre inhabitable, et la feront peut-être même
disparaître dans les couches externes de notre astre. On peut supposer
que si notre civilisation a survécu jusque là, elle aura développé la
colonisation d'autres systèmes solaire qui assureront provisoirement
son avenir.
Au moment de la nucléosynthèse primordiale s'est constitué le stock
d'hydrogène universel. Il n'en a plus jamais été produit. Or les
étoiles consomment ce gaz, et, un jour, épuiseront la partie
consommable de cette réserve. On prévoit dans 1000 milliards d'années
(date très approximative) l'extinction de la dernière
étoile de
l'univers... L'existence devient vraiment dure pour les êtres vivants !
Ils peuvent encore survivre en récupérant l'énergie gravitationnelle
des trous noirs. Mais ceci ne durera qu'un temps, car les trous noirs
s'évaporent naturellement par un mécanisme
quantique d'effet tunnel...
Vers l'an 10100 (très, très incertain, évidemment, mais cela arrivera),
évaporation du dernier trou noir hypergalactique (formé bien longtemps
auparavant par l'effondrement d'un
amas de galaxies). La température de
l'univers est tombée en-dessous d'un dix-milliardième de Kelvin, et il
n'y a plus aucune source d'énergie récupérable dans l'
espace infiniment
dilué par l'expansion éternelle. C'est la fin de la vie dans notre
univers, à moins qu'une nouvelle physique...