La lumière: onde où matière ?
Les
savants de l'Antiquité pensaient que la lumière était composée de
petites particules émises par les objets visibles (et pafois même par
les yeux). Par contre, ils avaient déjà bien décrit les phénomènes liés
à la propagation rectiligne de la lumière, ainsi que ceux concernant sa
réflexion et sa réfraction.
Au début du XVIIème siècle, les
scientifiques expérimentèrent dans les domaines de la réflexion
("rebondissement" de la lumière sur une surface) et de la réfraction
(déviation de la direction de propagation de la lumière, obliquement,
lors d'un changement de milieu). Descartes et Snell furent deux
physiciens dont les travaux ont fait progresser nos connaissances de
l'optique géométrique.
En 1666, Newton décomposa la lumière
blanche en couleurs, grâce à un prisme (double réfraction). Il observa
une "bande de couleurs" qui lui paru être immatérielle (d'ailleurs
cette décomposition reçut le nom de spectre). Newton imagina que la
lumière était composée de petites particules se déplaçant très vite (en
ligne droite). Cette description se révéla adéquate pour expliquer la
réflexion, la réfraction et les ombres (bords nets pour les objets
macroscopiques). Par contre, ce modèle corpusculaire rencontra quelques
difficultés. En effet, comment expliquer que les réfractions étaient
différentes selon les couleurs du rayon réfracté? Ou encore, pourquoi
deux faisceaux de lumière pouvaient-ils se croiser sans (trop) se
modifier?
En 1678 Huygens émit l'hypothèse que la lumière était
constituée de petites ondes, dont la longueur (d'onde) déterminait la
couleur. Cette théorie ondulatoire permit d'expliquer les deux
phénomènes précédents (soit la réfraction différentielle suivant la
longueur d'onde et le "croisement sans choc" des ondes). La réflexion
et la réfraction de la théorie corpusculaire classique put aussi être
bien décrite grâce à la théorie ondulatoire. Par contre, on avait de la
peine à expliquer la propagation rectiligne et les ombres (aux bords
nets) avec la théorie ondulatoire! En effet, on connaissait déjà
d'autres types d'ondes (par exemple: les vibrations à la surface de
l'eau, ou le son dans l'air, etc) et on se demandait alors pourquoi la
lumière ne semblait pas onduler, ni contourner les objets. Pendant un
siècle, les deux théories se sont affrontées (une majorité de
scientifiques adoptaient le point de vue corpusculaire de Newton).
Mais,
en 1801, Young réalisa une expérience cruciale: il perça deux trous
(sur une plaque opaque). Ansi, seulement deux parties de la lumière
incidente ne devaient pouvoir passer. La théorie corpusculaire
prévoyait l'observation (sur un écran situé derrière la plaque) d'une
simple tache lumineuse plus brillante à l'endroit où les deux faisceaux
se superposaient. Or Young observa une série de franges,
alternativement sombres et brillantes. Or seule la théorie ondulatoire
permettait d'expliquer ces observations (phénomène d'interférences
négatives pour les franges sombres et constructives pour les franges
brillantes). De plus, la position des franges d'interférences permit,
indirectement, de mesurer les longueurs d'onde de la lumière. Elles se
révélèrent très courtes: d'environ 750 nanomètres (0,000075 cm) pour le
rouge à environ 390 nanomètres pour le violet (0,000039 cm).
On
comprit alors pourquoi la lumière semblait se propager en ligne droite,
sans onduler. En effet, les dimensions des objets ordinaires sont bien
plus grandes que les longueurs d'onde de la lumière, ce qui fait que
"l'effet ondulatoire" ne se fait pas sentir (de même pour la
diffraction, qui est la possibilité de contourner des objets d'une
taille de l'ordre de grandeur de la longueur d'onde).
Malgré tout,
le phénomène de diffraction a bel est bien lieu avec la lumière, mais à
l'échelle microscopique (comme Fresnel l'a montré en 1818). D'ailleurs
ce comportement de la lumière limite le grossissement des microscopes
optiques: les virus ne peuvent être observés nettement, car ils sont de
la taille des longueurs d'onde (alors que la plupart des bactéries sont
observables, car de taille supérieure).
La vitesse de la lumière
Galilée
avait déjà essayé de mesurer la vitesse de la lumière mais son système
(lampes clignotantes, plus ou moins éloignées) était inadapté, car la
lumière se propage trop vite pour permettre de donner le moindre
résultat avec cette méthode.
En 1676, Roemer réussit à estimer
cette vitesse grâce aux éclipses de quatre satellites de
Jupiter (à
différentes périodes de l'année: plus la
Terre est éloignée de
Jupiter,
plus la durée entre deux éclipses successives augmente). Il obtint
alors environ 215'000 km/s.
Ce résultat astronomique fut
confirmé en 1728 par Bradley qui utilisa l'influence de la vitesse de
la
Terre sur son orbite autour du Soleil (phénomène d'aberration des
étoiles qui lui permit, indirectement, d'estimer la vitesse de la
lumière). Il obtint alors environ 280'000 km/s.
En 1849 Fizeau
obtint environ 315'000 km/s en utilisant un système mécanique de
miroirs et une roue dentée en rotation (la vitesse de la roue était
ajustée pour permettre le passage du rayon lumineux à l'aller, puis au
retour après une réflexion sur un miroir).
Ensuite,
Léon Foucault reprit
le même genre d'expérience (la roue dentée fut remplacée par un miroir
en rotation) et sa mesure la plus précise, en 1862, s'approcha de la
valeur actuelle (avec moins de 1 % de différence: soit environ 300'000
km/s).
A la même époque, les scientifiques constatèrent
que la lumière se propageait plus lentement dans les liquides que dans
l'air. De plus, leurs expériences confirmèrent brillamment la théorie
ondulatoire de la lumière (interférences, diffractions, etc).
Plus
tard, Michelson réalisa la première mesure de la vitesse de la lumière
dans le vide (ou plutôt dans un air très ténu!). Il montra aussi que la
vitesse de la lumière, dans le vide, ne dépend plus de la longueur
d'onde (alors que dans un liquide, des petits changements sont observés
en fonction de la couleur).
Le fait que la lumière puisse se
propager dans le vide a longtemps perturbé les physiciens. En effet,
toutes les ondes connues avaient besoin d'un milieu matériel pour se
propager. C'est ainsi qu'ils supposèrent l'existence d'un milieu
spécial qui devait autoriser la propagation de la lumière: l'éther,
dont les Grecs avaient déjà parlé dans leur cosmologie.
C'est
alors que Michelson et Moreley tentèrent de mettre en évidence
expérimentalement un mouvement
terrestre par rapport à l'éther (le
"vent d'éther" devrait changer relativement à la
Terre, en 6 mois
d'intervalle, à cause du mouvement de la
Terre autour du Soleil). Mais
les résultats de leurs expériences ne permirent jamais de détecter ce
vent d'éther.
Peu après, Einstein va s'inspirer de ces
"expériences négatives" et réussira à en tirer des conclusions
intéressantes sur la nature du vide et de la lumière (principe
d'invariance de la vitesse de la lumière dans le vide, relativité
restreinte en 1905). Néanmoins, la théorie des ondes électromagnétiques
de Maxwell, couplée avec la théorie d'induction électromagnétique de
Faraday, permettait très bien de comprendre que la lumière puisse se
propager dans le vide. En effet, on peut modéliser la lumière sous la
forme d'une vibration (onde) électromagnétique auto-entretenue par
effets d'inductions successifs (même dans le vide).
En
conclusion, l'éther s'est avéré inutile (théoriquement) et inexistant
(pratiquement). Nous verrons que finalement, au XXème siècle, notre
conception de la lumière va encore évoluer à cause des phénomènes
d'absorption et d'émission de la lumière par les atomes: c'est la
théorie quantique.