Amas et superamas
De même que les étoiles naissent en (grands) groupes, et restent
d'ailleurs souvent en (petit) groupe toute leur existence (deux étoiles
sur trois sont multiples, pense-t-on), les
galaxies ne sont pas en
général isolées. Elles se groupent en amas, eux-même groupés en
superamas. Cette hiérarchie des structures doit refléter les conditions
de leur formation. On a tendance aujourd'hui à préférer les scénarios
"du bas vers le haut", où on commence par former des agrégats
d'étoiles, puis des
galaxies, puis des amas de galaxies, puis des
super-amas. Il n'y a pas d'amas de super-amas, entre autres parce que
l'univers n'est pas assez vieux pour qu'ils aient eu le temps de se
former. Les tailles caractéristiques des amas de galaxies sont de
l'ordre de quelques Mpc (une dizaine de millions d'AL). Celles des
super-amas sont de l'ordre de quelques dizaines de Mpc (une centaine de
millions d'AL).
La répartition des super-amas dans l'espace est intéressante, car pas
du tout aléatoire. En fait, on peut imaginer l'espace comme une mousse
(ci-contre, simulations en 2D et 3D), les
galaxies occupant uniquement
les parois des bulles, et laissant vides les intérieurs. Ce genre de
répartition sous l'effet de la gravité dépend de la répartition des
fluctuation initiales de densité (voir le cours de
cosmologie); c'est
l'une des choses que la
cosmologie doit un jour expliquer. Une de
plus...
Le Groupe Local
Sous ce nom très original se cache le petit amas dont notre
Voie lactée
et la
Nébuleuse d’Andromède sont les membres dominants. On
lui connaît aussi une petite spirale (M33 des Chiens de Chasse), deux
elliptiques, et 27 irrégulières. Il y a sans doute d'autre membres de
très faible luminosité, non encore découverts. Chacune des deux grandes
spirales a un ensemble de petites
galaxies satellites autour d'elle.
L'ensemble mesure environ 1Mpc (un peu plus de 3 10
6
AL)
Grands amas proches
L'amas de la Vierge (d'après le nom de la constellation derrière
laquelle il apparaît dans notre ciel) est à environ 16 Mpc (52.10
6
AL) de nous. Il contient quelques centaines de
galaxies,
essentiellement des spirales et des irrégulières. Il contient tout de
même une elliptique géante, M87, située en son centre. On pense qu'il
s'agit d'un cas de cannibalisme galactique (voir plus loin). L'amas de
la Chevelure de Bérénice, à 100Mpc (300.10
6 AL)
de nous, est un grand amas, riche de plusieurs milliers de
galaxies.
Celles-ci sont essentiellement, dans ce cas, des elliptiques ou des
spirales S0, quoique que quelques spirales existent à la périphérie.
Deux elliptiques géantes occupent, là encore, le centre de l'amas...Le
fait que les
galaxies elliptiques habitent volontiers les centres
denses des amas, les spirales se trouvant plutôt en périphérie, semble
être une constante; ceci a certainement un rapport avec l'évolution des
galaxie dans les amas, et la fréquence des rencontres...
Les inconvénients de la promiscuité
Dans les amas, les
galaxies sont à des
distances qui ne sont pas
démesurées, de l'ordre de dix fois leur diamètre seulement. Remarquons
au passage que dans une
galaxie, les
étoiles sont séparées en moyenne
par dix millions de fois leur diamètre! Les rencontres de
galaxies sont
donc certainement assez fréquentes. La
grande galaxie d'Andromède, par
exemple, se rapproche de nous à 90 km/s, et nous heurtera dans quelques
milliards d'années.
Une telle rencontre n'est pas forcément catastrophique. Si la collision
est évitée, s'il s'agit juste d'un passage très rapproché, alors les
forces de gravité (forces de marées) déforment les galaxies, c'est à
dire perturbent les orbites de leurs étoiles. Il y a développement de
bras, d'éphémères ponts de matière, il peut y avoir échange de gaz ou
d'
étoiles. Le spectacle est magnifique pour les habitants de l'une et
l'autre g
galaxie, sans plus...
Quand il y a rencontre "de plein fouet", les
étoiles et le gaz ne
réagissent pas du tout de la même façon. Les
étoiles voient là encore
leurs orbites perturbées, les galaxies sont déformées par effet de
marée, mais les chocs d'étoiles sont inexistants, compte tenu de la
très grande séparation de ces objets dans une
galaxie. La meilleure
image que l'on puisse donner de cette rencontre est celle de deux
armées qui marchent à la rencontre l'une de l'autre dans une immense
plaine désertique, chaque soldat étant séparé de ses voisins par une
distance de 2000 à 5000 km. Que croyez-vous qu'il arrivera ? Rien,
évidemment... Pour les nuages de gaz interstellaires, c'est très
différent, car ils occupent beaucoup plus de place, et les atomes y
sont beaucoup plus nombreux et serrés; les nuages de gaz des deux
galaxies s'écrasent l'un contre l'autre, sont comprimés et chauffés
dans le choc. Ceci déclenche une formidable flambée de formation
d'étoiles! Dans l'opération, les deux
galaxies peuvent perdre
entièrement leurs disques de gaz.
Un détail de la partie centrale "montre" le noyau caché derrière la
bande de poussière, mais aussi les nombreuses supergéantes bleues crées
par la collision. Tout en bas, NGC 4650A, une
galaxie à anneau polaire.
Il existe enfin un cas particulier, c'est celui où une
galaxie très
massive attire vers elle une petite galaxie, et l'avale sans autre
forme de procès... On parle là de cannibalisme
galactique, et l'on
suppose que c'est l'explication de la présence fréquente d'une
elliptique géante, appelée galaxie cD, au centre des amas de galaxies.
On connaît des cD à plusieurs noyaux, restes probables du dernier
festin. Donc, finalement, on peut faire une elliptique en mélangeant
des spirales...
Le cannibalisme
galactique a du être plus fréquent lorsque l'univers
était plus jeune, et les
galaxies plus proches les unes des autres. Les
images très profondes réalisées avec le Télescope Spatial montrent en
effet plus de
galaxies déformées, plus de spirales.