Les manifestations volcaniques lunaires au cour de son
histoire géologique
Sur la
Lune, c'est un volcanisme basaltique qui s'est développé, Quatre
actes marquent l'histoire géologique lunaire :
- 1er acte : - 4.6 à 4.2 milliards d'années - Naissance très
chaude
accompagnée d'un phénomène de fusion avant la mise en place d'une
croûte
- 2ème acte : - 4.2 à 3.8 milliards d'années -
Pilonnage des météorites sur cette croûte qui a engendré la
formation de grands bassins lunaires (Bassin Oriental...) et
l'amincissement et fracturation de la croûte préparant des chemins de
sortie pour les futures laves
- 3ème acte : - 3.8 à 3 milliards d'années - Plusieurs vagues
de
volcanisme avec mise en place des "mers basaltiques". Ces mers,
constituées de poussière minérale jonchées de roches éclatées, forment
un sol que l'on appelle régolite.
- 4ème acte : - Jusqu'à
nos jours - Figement de la surface lunaire lié à son épuisement de son
stock de chaleur interne.
Le volcanisme ancien mais étalé dans le temps, les magmas lunaires
n'ont pas été crées instantanément par l'impact
des grosses météorites (2ème acte) mais ils se sont formés d'eux-mêmes,
plus tard, en plusieurs vagues chronologiquement et chimiquement
distinctes par conduction de la
chaleur interne
Les grandes étendues basaltiques se sont développées sur
la face visible de la
Lune. Leur ampleur reste très modeste sur
sa
face cachée (à l'exception de quelques "plages"). Cette dissymétrie
s'explique par l'effet de marée imposé par la
Terre sur la
Lune. La
Terre exerce une force d'attraction beaucoup plus forte sur la face
visible que sur sa face cachée et ce phénomène a des répercussions
géologiques importantes : sur la
Lune, les zones de formation du magma
sont beaucoup plus proches du côté de la face visible que du côté de la
face cachée. Le magma a donc un chemin beaucoup plus court à parcourir
sur la face visible pour parvenir jusqu'à la surface.
Le volcanisme lunaire a décliné avec le temps jusqu'à son extinction
quasi complète à l'heure actuelle.
Les paysages volcaniques lunaires
Les mers de basalte
Ces
grandes inondations basaltiques sur la
Lune se sont échelonnées entre
3.8 et 3.2 milliards d'années. Elles ont mobilisé des volumes énormes
de matière puisque les "mers" occupent aujourd'hui 30% de la face
visible de la
Lune (soit 6 millions de km
2).
Elles sont situées
pratiquement dans tous les bassins qui leur ont offert des fractures
d'accès.
Ces vastes coulées de lave forment des trapps, comme sur
Terre (plateaux basaltiques du Parana au Brésil, du Deccan en Inde).
Les basaltes de la mer des Pluies s'étendent sur 500 000 km
2
(environ 1
fois la superficie de la France) et chaque coulée individuelle a une
épaisseur atteignant 40 à 50 m (soit 2 fois plus que ceux du
Deccan).
Les raisons de ces épaisses coulées :
- débit de magma très important (beaucoup plus que sur la Terre)
- pesanteur réduite (six fois moins que sur la Terre)
- grande fluidité des magmas lunaires
Quant à leur épaisseur cumulée :
- au centre de la mer de la Sérénité : 3500 m d'épaisseur de
lave
- au centre de la mer des Pluies : 5000 à 6000 m d'épaisseur
en moyenne avec des maxima atteignant 8000 m
- dans l'océan des Tempêtes, dans la mer de la Tranquillité :
épaisseur
de lave plus modeste de l'ordre de quelques centaines de mètres
seulement.
En combinant les surfaces et les épaisseurs sur
l'ensemble des mers lunaires, on obtient un volume total de lave
dépassant 2 millions de km
3.
Les sillons lunaires
Il
existe sur la
Lune des sillons rectilignes et curvilignes que l'on
observe aux télescopes. Ce sont en fait des failles d'effondrement, des
grabens. Il existe aussi d'autres sillons qui n'ont rien de commun
avec les précédents : les "sinuous rilles" (sillons sinueux). Ce sont
des vallées sinueuses, larges de 1 à 3 km en moyenne, et qui déroulent
leurs méandres en bordure des mers lunaires et sur des plateaux
volcaniques.
Le
sillon de Hadley, par exemple, ressemble à un fleuve asséché, prenant
sa source dans
une cuvette perchée et empruntant un couloir de faille pour descendre
dans les plaine de la mer des Pluies où il serpente sur plus de 100 km
avant de disparaître sans laisser de traces. Ce sillon de Hadley est
large de 1.2 km en moyenne et est profond de 300 à 400 m. Sa
caractéristique majeure, comme tous ces types de sillons, est que les
rives opposées ne sont pas parallèles. C'est caractéristique d'un
écoulement fluvial. Or, il n'y a pas d'eau dans le sol lunaire mais
existence ancienne d'un magma très fluide donc hypothèse volcanique
pour expliquer le façonnement de ce sillon (probablement un chenal de
lave).