La naissance de la physique quantique
Historiquement, ce sont les expériences concernant le spectre du
rayonnement thermique émis par les corps chauds qui incitèrent les
physiciens à modifier leurs modèles théoriques. Au début du XXème
siècle, on était en présence de deux théories, chacune étant à moitié
satisfaisante:
En 1893, Wien réussit à décrire correctement la partie des courtes
longueurs d'onde (bleu du spectre). Mais, sa formule était inadaptée
pour les grandes longueurs d'onde (rouge du spectre). Par contre, à la
même époque, Jeans et Rayleigh expliquèrent convenablement le spectre
des grandes longueurs d'onde. Mais leur formule était inadéquate pour
l'autre partie! On en était alors réduit à utiliser la théorie de Wien
pour le bleu du spectre et la théorie de Rayleigh-Jeans pour le rouge
du spectre.
Puis, Planck réussit la synthèse des deux théories au début du XXème
siècle. Mais, il dut révolutionner la conception classique du
rayonnement lumineux. Au lieu de représenter la
lumière comme un
phénomène ondulatoire continu, il proposa que la
lumière était
constituée de grains d'énergie qui ondulaient par paquets distincts:
les quantas ou photons. Planck supposa de plus que chaque photon
possèdait une énergie caractérisée par sa longueur d'onde. Plus le
grain lumineux est de courte longueur d'onde, plus son énergie est
grande (proportionnalité entre l'énergie et la fréquence du photon).
Cette nouvelle conception de la quantification de la
lumière
(révolution quantique du XXème siècle) peut être comparée au changement
de conception concernant la matière (révolution atomiste du XIXème
siècle).
Dès lors, on décrit les phénomènes d'absorption et d'émission de la
lumière en termes d'interactions entre les électrons des
atomes
concernés et les photons de la
lumière. Ces interactions ne concernent
toujours que des nombres entiers de photons. Ces phénomènes sont
mathématiquement discrets (ou non continus). Ils caractérisent la
physique microscopique moderne (ou physique quantique). La théorie
quantique va changer notre conception de l'
atome. D'abord pour les
électrons atomiques, puis pour les protons et neutrons du noyau. En
effet, on va décrire ces particules atomiques en termes de propriétés
physiques discrètes. Chaque particule est caractérisée par un niveau
d'énergie bien précis. Sa position et sa vitesse ne peut changer que de
manière discontinue.
Quelques années après la parution de la théorie des quanta lumineux de
Planck, Einstein la rendit populaire lorsqu'il l'utilisa pour expliquer
l'émission des électrons par "effet photoélectrique". Une
lumière bleue
pouvait "arracher" des électrons lorsqu'elle atteignait certains
métaux. Par contre une
lumière rouge, même intense, ne le pouvait
jamais! La théorie classique du rayonnement continu était incapable
d'expliquer ce phénomène, car l'énergie de la
lumière n'est liée qu'à
l'intensité des ondes. Einstein, en appliquant les idées de Planck,
montra que l'énergie d'un photon bleu est suffisante pour arracher un
électron du métal. Par contre, un photon rouge possède une énergie trop
faible pour y réussir (car l'énergie du photon rouge est plus petite
que l'énergie de liaison des électrons du métal).