L'histoire de la cosmologie
L'histoire
de la cosmologie présente un premier tournant au sixième siècle avant
notre ère, lorsque les philosophes grecs rejettent le prêt-à-penser
proposé par les prêtres, comme le pouvoir de droit divin des potentats
locaux; ils inventent ainsi la démocratie (enfin, une
proto-démocratie...), et la cosmologie en tant que science.
Jusque
là, la vision de l'univers était strictement symbolique : le monde
était une boîte, dont la
Terre était le fond, et le ciel le couvercle.
Ceci posait le problème du joint entre ces deux éléments si
dissemblables; la plupart des grandes civilisations proposaient l'eau :
moins fluide que l'air, mais plus que la
Terre, un bon intermédiaire...
D'où le fleuve océan des grecs, par exemple, qui était censé ceinturer
l'ensemble des terres habitées. Sur d'autres continents, chinois,
hindous, amérindiens, entretenaient des descriptions cosmiques
strictement symboliques et théologiques, qu'ils n'allaient jamais
pouvoir dépasser.
Au VIe siècle avant notre ère se produit en
Asie Mineure (l'actuelle Turquie), ce qu'on appelé le miracle grec : la
société s'émancipe, rejette les pouvoirs imposés, l'écriture n'est plus
réservée à des fonctionnaires royaux, tout devient matière à
discussion. Apparaissent ainsi les premières représentations raisonnées
du cosmos. Les grandes étapes de cette conquête intellectuelle, pour ce
qui concerne la cosmologie, sont les suivantes :
- Thalès
de Milet (-640?, -547?) pose pour la première fois la question
fondamentale de l'origine et de la nature du monde : comment l'univers
s'est-il formé ? De quoi est-il fait ?
- Anaximandre
(-610?,-547?) affirme que l'univers est infini et éternel, et que la Terre est isolée dans l'espace; pour la première fois on réalise que la Terre a une face inférieure, des antipodes !
- Anaximène
de Milet (-550?,-480?) se demande ce qui tient les étoiles dans le
ciel, et imagine d'immenses sphères de cristal sur lesquelles sont
fixées ces astres. Une idée qui aura deux mille ans de succès !
- Pythagore
(-580?,-500?), enfin, mathématise le cosmos. L'univers est décrit en
termes de quantités, et non plus seulement par ses qualités; c'est pour
cela que Pythagore est considéré comme le créateur de la science au
sens moderne du terme.
- Couronnant deux siècles
d'avancées conceptuelles, c'est finalement Aristarque de Samos
(-310,-230) qui propose le système héliocentrique complet tel que nous
le connaissons.
Et tout ceci est le résultat
d'observations à l'
oeil nu et de beaucoup de réflexion, car les grecs
ne disposaient évidemment d'aucun instrument astronomique. Si, un : le
gnomon, bâton planté dans un champ, et ancêtre du cadran solaire...
Mais
cette flambée de raison s'éteint bientôt. Sous les coups de boutoirs
des Perses, la Grèce se replie, se sclérose. La conquête romaine
achèvera d'étouffer les derniers centres scientifiques comme
Alexandrie. Alexandrie où Ptolémée, au début de notre ère, fige pour
longtemps la cosmologie en une caricature d'engrenages et de sphères de
cristal, tandis que les mythes chrétiens s'apprêtent à leur tour à
envahir le ciel pour en chasser la science. Suivent alors un millénaire
et demi d'errance, de retour à la métaphysique, de main-mise des
églises sur la cosmologie; seuls les arabes cultivent encore l'héritage
grec, sans faire d'avancée fondamentale.
C'est à la Renaissance
que tout redémarre, avec Copernic (1473-1543) qui replace le
Soleil au
centre des orbites planétaires. Puis Képler (1571-1630) découvre les
lois de leur mouvement. Enfin, un soir de 1609, Galilée tourne une
lunette vers le ciel ! La cosmologie observationnelle est née ! Une
autre avancée formidable est due au génial pisan : le principe
mécanique d'inertie, et la notion de relativité : tous les référentiels
en mouvement rectiligne et uniforme l'un par rapport à l'autre sont
équivalents pour l'étude de l'univers...
La cosmologie moderne
La cosmologie moderne présente trois facettes, correspondant à trois
époques du passé :
- La
première, que l'on peut appeler la cosmologie standard, s'intéresse à
tout ce qui s'est passé dans l'univers entre t = 0,01 s et notre
époque. Elle est assez bien comprise, et la théorie en vogue a subi
avec succès des tests observationnels.
- La seconde couvre la période t = 10-12
s à t = 0,01 s, c'est la cosmologie des particules élémentaires. Elle
demande parfois des extrapolations de nos connaissances, même si les
énergies concernées restent dans un domaine accessible à nos plus
grands accélérateurs de particules. C'est de la physique connue, mais
les difficultés des calculs numériques sont parfois infranchissables.
- La
troisième s'intéresse aux tous premiers instants de l'univers; c'est la
cosmologie quantique. Elle s'intéresse à l'origine de l'univers, et
tente de tenir compte des phénomènes quantiques qui devaient intervenir
à t = 10-43s et en-deçà. C'est un domaine encore
hautement spéculatif...
Les modèles cosmologiques
Un
modèle cosmologique est une représentation mathématique de l'univers
qui prétend expliquer les raisons de son aspect actuel, et décrire son
évolution au cours du temps. Il s'appuie toujours sur des faits
observationnels, et doit être capable de faire des prédictions que des
observations ultérieures vérifieront ou non; c'est à dire qu'il doit
être réfutable.
Les hypothèses de base
Il n'existe
plus de modèle sérieux non basé sur une phase dense et chaude initiale,
c'est à dire un
Big Bang. Nous ne ferons donc que citer pour mémoire,
par exemple, les modèles qui prévoyaient une création continue de
matière, que la découverte du FDC a rendu immédiatement caducs.
Tous
les modèles de
Big Bang sont construits dans le cadre de la
relativité générale, et pour l'instant, utilisent une description métrique (c'est
à dire non-
quantique) de la gravité. Ils sont basés sur des hypothèses
très générales qui sont les suivantes :
Tout d'abord, le
principe cosmologique, formé des deux assertions suivantes; en gros, il
assure que nous ne sommes pas des observateurs privilégiés, et que ce
que nous observons est bien représentatif de l'ensemble de l'univers :
- L'
est homogène, c'est à dire qu'il présente les mêmes propriétés dans
toutes ses régions. Ceci doit s'entendre à très grande échelle, au-delà
du millier de Mpc. Il est clair qu'à petite échelle existent des
inhomogénéités, nous par exemple.
L'
est isotrope, c'est à dire qu'il n'existe pas de direction particulière
de l', comme une direction d'aplatissement, ou un mouvement
d'ensemble à l'échelle universelle par exemple. L'observation du FDC
montre d'ailleurs que l'univers n'a pas de rotation d'ensemble de plus
de 10-14 radian par an.
Notons que les tout premiers
modèles (Einstein) admettaient le principe cosmologique parfait, qui
rajoute la condition de l' est statique. Ceci est évidemment
aujourd'hui abandonné.
- Le contenu matériel de
l'univers est un fluide parfait, décrit entièrement par sa densité et
sa pression p. C'est à dire, pratiquement, que les dimensions des
particules qui le constituent (les galaxies, amas de galaxies, ...)
sont négligeables devant les distances qui séparent ces particules.
- Les lois de la physique sont universelles.