Cette modification à la
théorie du Big Bang a été introduite par les physiciens des hautes
énergies pour tenter d'avancer vers ce qu'on appelle la Très Grande
Unification, une théorie de la physique où les quatre forces de la
nature seraient indiscernables, et qui n'existerait qu'à des
températures (des énergies) extraordinairement élevées, à tout jamais
inaccessibles à nos accélérateurs de particules, mais telles qu'on doit
en trouver dans les tout premiers instants du
Big Bang. Rappelons
encore une fois quelles sont, actuellement, ces quatre forces (les
physiciens parlent plutôt d'interaction que de force):
- La plus intense est la force nucléaire forte, qui assure la
cohésion des noyaux atomiques; mais son rayon d'action est très faible
: 10-15m. Désignons par 1 son intensité.
- La seconde en intensité ( 10-3) est
la force électromagnétique, dont la portée est infinie.
- La suivante (10-14) est la force
nucléaire faible, responsable de certaines désintégrations atomiques;
sa portée est très faible, de l'ordre de 10-15m.
- La plus faible (10-40) est la force
gravitationnelle, de portée infinie. C'est elle qui modèle l'univers à
grande échelle, car sa faiblesse est compensée par sa portée. Sa seule
concurrente dans ce domaine, l'électromagnétique, a peu d'effet car les
objets macroscopiques de l'univers sont électriquement neutres.
Les quatre forces sont d'abord fondues en une seule, puis la
gravitation se sépare (c'est une phase incomprise, qui intervient avant
10
-43s). Ensuite, la force nucléaire forte
s'individualise à son tour. Ceci se traduit, dans le paragraphe "le
film des débuts", plus haut, par l'époque inflationnaire, entre 10
-35
et 10
-32s.
Remarquons que la théorie inflationnaire traite pour la première fois
du problème de la création de la matière, et propose une solution
physique ! Mais la théorie de l'inflation est encore dans son enfance,
a déjà été retouchée, et est largement basée sur une physique très
spéculative, celle de l'énergie du vide. Cette énergie possède une
caractéristique étonnante, qui donne toute sa puissance au mécanisme
inflationnaire : sa densité est indépendante de l'expansion de
l'univers. C'est à dire que si l'on dispose d'une certaine quantité
d'énergie E0, enfermée dans un espace de volume V0, et que l'on étire
cet espace jusqu'à un volume 2V0, on dispose "gratuitement" d'une
énergie 2E0... On comprend que cette production d'énergie ait pu
produire un emballement de l'expansion, et une telle augmentation du
facteur d'échelle (d'un facteur de l'ordre de 10
50)
en un
temps aussi fantastiquement bref (de l'ordre de 10
-32
s).
L'inflation est intéressante pour :
- Expliquer pourquoi l'univers semble plat, avec un R
extrêmement élevé.
- Expliquer la création de la matière.
- Expliquer la présence des petites fluctuations du FDC, qui
elles-mêmes sont considérées comme les indispensables germes de la
condensation primordiale des galaxies. Il s'agirait tout simplement de
fluctuations quantiques du vide originel qui auraient été étirées par
l'inflation jusqu'à des dimensions astronomiques...