Histoire
En 868, une
comète encore à découvrir coupe l'orbite de la
Terre pour
la première fois. Au cours des siècles qui suivront les observateurs
d'un peu partout dans le monde rapporteront d'extraordinaires pluies de
météores. La première de ces observations est relatée par l'historien
Eutychius d'Alexandrie (877-940) dans ses Annales, rapporte un
phénomène céleste ayant eu lieu en 901 qui ressemble aux Léonides:"En
Egypte au matin du mercredi, 9 Dhu al-Qa'da (26 oct) de la deuxième
moitiée de la nuit à l'aube. les étoiles étaient très perturbées. Les
cieux étaient pleins d'étoiles filantes, allant de l'est à l'ouest, du
sud au nord. Personne n'était capable d'observer les étoiles car il y
avait trop de météores."
Au cours des siècles qui suivirent de nombreux observateurs notèrent
l'existence d'une spectaculaire pluie d'étoiles filantes. L'historien
arabe Al-Dhahabi (1274-1348) décrit la pluie d'octobre 1202 dans Siyar
a'lam al-nubala', "les étoiles étaient déstabilisées et volaient comme
une nuage de criquets. Cela continua jusqu'à l'aube; les gens étaient
terrifiés et prièrent avec diligences. En 1366, le texte portugais
Cronicas dos reis de Portugal (1600) rapporte que "les étoiles
tombaient en si grand nombre ... que le ciel et l'air semblaient en
feu
et que la
Terre elle même semblait être prête à prendre feu. Ceux qui
ont vu cela étaient pris d'une telle peur et de désarroi qu'ils n'en
croyaient pas leurs yeux, imaginant qu'ils étaient tous morts et que la
fin du monde était arrivée."
Les premières observations scientifiques débutent en 1799 alors que le
célèbre scientifique allemand Humboldt et son compagnon Bonpland
observent les Léonides à Cumana au Venezuela et publicisent ce
phénomène. Des rumeurs circulent au sujet d'un événement similaire
observé en 1766 au même endroit.
En 1833, une tempête spectaculaire est observée sur la côte est des
Étas-Unis. Les réactions vont de l'hystérie face à l'arrivée du
Jugement dernier à l'excitation de scientifiques qui estiment que près
de 1000 météores à la minutes ont été observés en provenance de la
constellation du Lion.
À cette époque la véritable nature des météores n'est pas encore
connue. Les explications allaient de la combustion de gaz de
décomposition provenant des plantes aux décharges électriques provenant
de l'air électrifié! Toutefois, ce fut Denison Olmsted qui trouva la
meilleure explication.
En examinant les rapports d'observations d'un peu partout dans le
monde, Olmsted remarqua que la pluie était de courte durée car elle
n'avait pas été observée en Europe, ni en Ohio. Finalement, il remarqua
qu'une pluie d'étoiles filantes anormale avait été observée en Europe
et au Proche Orient en novembre 1832. Suite à ces observations, Olmsted
émit l'hypothèse que les météores avaient pour origine un nuage de
particules dans l'
espace. Cette hypothèse créa un intérêt nouveau pour
l'étude des météores et l'on redécouvrit alors les observations de
Humbolt du 12 novembre 1799. Finalement, en 1834, les Léonides
réaparurent bien que leur prestation fut moins spectaculaire qu'en
1833, elles démontraient qu'une activité annuelle pouvait être présente
dans cette région du ciel. En 1837, Heinrich Wilhelm Matthias Olbers
combina toutes les observations connues à l'époque et conclut que les
Léonides possédaient une période de 33 ou 34 ans et prédisit leur
retour en 1867.
Plus tard, en 1864, Hubert A. Newton recalcule la période des Léonides
en faisant une étude détaillée des observations historiques. Il arrive
à la conclusion que cette période est de 33,25 années et que leur
retour devrait avoit lieu les 13-14 novembre 1866.
Comme prévu, une pluie d'étoiles filantes se produisit et certains
observateurs rapportèrent entre 2000 et 5000 météores à l'heure! En
1867, le phénomène se eut lieu à nouveau mais cette fois-ci la
Lune
limitait les observations à 1000 étoiles filantes à l'heure. En 1868,
on observa aussi 1000 étoiles filantes à l'heure mais cette fois dans
un ciel noir.
La compréhension du phénomène allait connaître de nouveaux
développements. Le 19 décembre 1865, Ernst Wilhelm Liebrecht Tempel de
l'observatoire de Marseilles découvre une nouvelle
comète. Cette
découverte sera faite indépendamment par Horace Tuttle de
l'observatoire de l'Université Harvard le 6 janvier 1866. Cette
comète
sera désormais connue sous le nom de Tempel-Tuttle. L'étude de l'orbite
de cette
comète montra qu'elle avait une courte période; les calculs
détaillés de Theodor von Oppolzer montrèrent que sa période était de
33,17 années. En utilisant les observations de 1866, Urbain Jean Joseph
Le Verrier calcula les orbites des Léonides, et C. F. W. Peters,
Giovanni Virginio Schiaparelli et von Oppolzer notèrent de façon
indépendante la grande ressemblance entre l'orbite de la
comète et
celle des météores.
En 1899, la communauté scientifique et le public attendaient le retour
des Léonides. On observa bien une augmentation du nombre de Léonides
mais rien de comparable aux tempêtes précédentes. Même la
comète
Tempel-Tuttle ne fut pas observée.
Le retour de 1933 n'ayant pas été spectaculaire, les observateurs
avaient perdu pas mal de leur intérêt et furent pris par surprise par
le regain d'activité observé en 1961 alors que le nombre de Léonides
remonta dans les 50 à l'heure. Comme les pluies de 1899 et 1933
n'avaient pas été très spectaculaires les astronomes n'osaient pas
prédire plus de 100 météores à l'heure pour le retour de 1966.
Pourtant, la pluie de 1966 fut probablement une des plus spectaculaires
jamais observée. Des observateurs situés en Arizona estimèrent qu'à un
certain moment jusqu'à 2400 météores illuminaient le ciel à chaque
minute! Des astronomes du Nouveau Mexique, du Texas et de la Californie
profitèrent eux aussi du spectacle. Des observateurs de la côte est
rapportèrent quelques centaines de météores l'heure, mais dans la
plupart des pays le taux ne dépassa pas 200 à l'heure. En 1867, la
première étude systématique des perturbations subies par les météores
fut menée par E. I. Kazimirchak-Polonskaya, N. A. Belyaev, I. S.
Astapovich et A. K. Terentéva. Cette étude montra que
Saturne et
Jupiter étaient les pricipaux responsables des perturbations subies par
les Léonides.
Y-a-t-il des dangers ?
Lors de la dernière tempête de météores en 1966, il y avait très peu de
satellites en orbite, alors qu'aujourd'hui plus de 500 satellites de
toutes sortes gravitent autour de la
Terre. Certains ont soulevé
l'hypothèse que les Léonides pourraient en rendre un grand nombre hors
d'usage. En effet, bien que les particules composant les Léonides sont
petites (de la taille d'un grain de riz à celle d'un globule rouge!),
elles se déplacent extrêmement rapidement (72 km/s)! À ces vitesses, le
moindre petit impact peut avoir des conséquences catastrophiques. Aux
dommages mécaniques causés par l'impact, s'ajoutent les risques de
décharges électriques causées par les gaz très chauds (plasma)
provenant de la collision. Ces décharges peuvent abimer sérieusement la
fragile électronique à bord des satellites, les rendant inopérants.
Les experts s'entendent pour dire que quelques satellites seront
probablement frappés au cours de la tempête mais qu'en général les
conséquences de ces impacts seront minimes. Malgré tout, depuis la
perte du satellite de communication Olympus de 850 millions de dollars
de l'Agence Spatiale Européenne probablement suite à l'impact d'une
Perséide en 1993, les opérateurs de satellites sont nerveux. La NASA et
l'agence spatiale russe ne prévoient aucun lancement de navette durant cette période.