Les bougies ont un
inconvénient : elles se consument tout en éclairant, et même se
consument vite. Alors on a trouvé un moyen plus efficace de porter un
corps à haute température pour qu'il devienne lumineux : c'est
l'électricité. On branche un filament sur une source de courant
électrique (pile ou secteur); le courant traverse le filament si on a
pris soin d'utiliser un matériau conducteur (un métal, ou du carbone,
par exemple), mais pas sans difficulté. La matière du filament résiste
au passage du courant, et cette bataille l'échauffe. Si l'on a bien
calculé les choses, le filament est chauffé jusqu'au blanc, mais ne
fond pas. Voilà, on a inventé l'éclairage électrique... Encore faut-il
que la durée de l'appareil ne soit pas négligeable. Si l'on chauffe à
haute température un filament de tungstène(2) ou de carbone dans l'air,
il brûle presque instantanément, se rompt, et tout s'arrête. Il faut
donc protéger le filament de l'air, et c'est pourquoi les filaments
d'ampoules électriques sont tous enfermés dans une ampoule (d'où le
nom) dans laquelle il n'y a pas d'air; on peut faire le vide dans
l'ampoule, par exemple, mais ce n'est pas une très bonne solution comme
on le verra plus loin. On remplit plutôt l'ampoule d'un gaz inerte,
choisi pour ses propriétés thermiques intéressantes, comme l'argon ou
le krypton. Les ampoules n'ont pas une durée de vie infinie, car le
filament métallique porté à haute température s'évapore lentement; ses
atomes se déposent sur la paroi interne de l'ampoule, qui noircit
pendant que le filament s'amincit, conduit de moins en moins bien le
courant, et finit par se casser. C'était particulièrement vrai dans les
premières ampoules, sous vide. Le krypton est préféré à l'argon pour
les ampoules "haut de gamme"(3), car sa masse moléculaire plus
importante permet de réduire la convection à l'intérieur de l'ampoule;
cela permet d'augmenter un peu la température du filament, et donc le
rendement de l'éclairage. Les fabricants d'ampoules électriques sont en
fait placés devant un cruel dilemme : une température très élevée
donnera beaucoup plus de
lumière pour une même quantité d'électricité
consommée, mais fera s'évaporer très vite le filament, abrégeant la vie
de la lampe. Or l'utilisateur moyen veut des ampoules très économiques
ET qui durent longtemps... On peut mettre dans l'ampoule non plus un
gaz inerte, mais un gaz chimiquement actif qui redépose sur le filament
les atomes qui s'en sont évaporés; c'est ce qui se passe dans les
lampes dite "à halogènes" ou "à vapeurs métalliques". C'est pourquoi on
peut se permettre de porter leur filament à très haute température,
d'où leur efficacité supérieure, leur très longue durée, et leur prix
conséquent.