L’albédo - mot latin qui
ne signifie que “blancheur” - est la mesure
qui définit la capacité d’un corps de refléter l’énergie lumineuse
reçue d’une source telle que le
Soleil. On part du principe que la
neige qui, en règle générale, renvoie la totalité du rayonnement
solaire, a un albédo de la valeur la plus élevée possible, de 0,9 ou 1,
tandis qu’un corps noir, d’un albédo 0, reflète zéro pour cent de
l’énergie lumineuse captée. L’albédo d’un des objets les plus foncés,
le charbon, vaut encore 0,04 à 0,05.
Introduit au 19ème siècle
par George Philipps Bond, l’astronome américain connu pour la
découverte de l’anneau de crêpe, le terme est habituellement employé en
relation avec des
planètes, des astéroïdes et des satellites naturels.
Avec le diamètre d’un objet - ou, plutôt, la taille de sa surface
capable d’intercepter le rayonnement - et sa distance de l’observateur,
il détermine la luminosité du corps et permet de tirer des conclusions
sur la composition de sa surface. Ainsi, lorsque la sonde NEAR au cours
de son survol de 253
Mathilde constata que l’albédo de l’astéroïde ne
correspondait qu’à environ 0,03 - la plupart des corps de son groupe
montent jusqu’à 0,05 -, l’information servit à confirmer la théorie sur
la structure de son rocher dont l’élément principal serait le carbone.
1 Cérès, par contre, dispose d’un albédo de 0,09, alors déjà plus fort
que celui de
Mathilde, mais plus faible que celui de Vesta, l’astéroïde
numéro 4, qui reflète 35 pour cent de la
lumière solaire avec, par
conséquent, un albédo de 0,35. La différence entre les valeurs de Cérès
et de Vesta illustre la relativité du renseignement livré par l’albédo.
Vues à une même distance, les deux petites
planètes se distingueraient
l’une de l’autre à un niveau beaucoup plus faible. Dans de telles
circonstances, Cérès serait à peine dix pour cent moins brillante que
Vesta. La distance entre l’observateur et l’objet considéré joue alors
un rôle principal.
Dans son oeuvre sur la relation entre la
luminosité du
Soleil, de la
Lune et de
Jupiter publiée en 1861, George
Philipps Bond utilise son nouveau terme plutôt dans un sens absolu, se
référant à la balance énergétique des
planètes. Il compare la totalité
des radiations solaires captée par une
planète à la quantité qu’elle
reflète réellement, sans prendre en compte la taille de sa surface ou
sa distance de l’observateur. Cette valeur absolue - au contraire de
l’albédo relatif - comprend le spectre de radiations entier, donc
toutes les longueurs d’onde, et est appliquée par les satellites en
orbite autour de la
Terre ou de ses voisines. Récemment, on s’aperçut
qu’elle dépend largement de la qualité de la couche dont un objet est
entouré.
Vénus y est un exemple typique. Sa “nappe” de nuages et son
atmosphère dense remplissent la fonction d’un diffuseur quasiment
parfait et, avec un albédo de 0,76, la
planète l’emporte
considérablement sur les autres telluriques telle que la
Terre dont
l’albédo fut fixé à quelque 0,33, tandis que la
Lune, plus ou moins
dépourvue d’atmosphère et de nuages, ne dispose que d’une valeur de
0,12. La possibilité d’employer les capacités des sondes pour mesurer
l’albédo absolu d’un objet ouvre alors une nouvelle voie vers une
analyse des
planètes encore plus efficace, basée sur l’estimation de la
densité et de la structure de leur atmosphère.