Echelle de Turin

   
Collision avec une météorite
Météorite s'écrasant sur Terre - Crédit: Pixabay

Comment annoncer au public l’approche d’une météorite sans déclencher une panique collective mais, en même temps, sans s’exposer à la critique de manquer au devoir de le tenir informé ? Il est vrai que le nombre des astéroïdes dont l’orbite les amène assez près de notre planète pour qu’ils soient pris au piège de la force d’attraction est déjà relativement restreint. Même ceux qui surmontent l’obstacle disposent généralement de trop peu de masse pour “survivre” le passage à travers l’atmosphère terrestre. Et il n’y a aucun doute que ceux qui réussissent à sortir de la stratosphère avec encore un minimum de matière risquent d’exploser avant de toucher le sol, suivant l’exemple du fameux météore d’Alaska dont la traînée verte surprit récemment les habitants de la montagne de Yukon. Toutefois, le nombre énorme d’articles de presse répandant la peur de corps tels que 1998 KY26 qui aurait menacé la Terre il y a à peine deux ans, 1997 XF11, l’objet soupçonné de retourner en 2028, ou 1999 AN10 dont l’itinéraire, selon les alarmistes, nous mettrait vers 2039 en danger de collision, ajoute à l’angoisse générale. Les scientifiques, embarrassés par l’affolement irraisonné, ne virent donc plus qu’une seule solution : définir clairement et sans confusion possible le degré de probabilité avec lequel un représentant du groupe des EGAs risque de bousculer la planète. Mais pour être en position de formuler une telle définition, il fallait trouver un outil adéquat.

Un tel outil fut présenté au début de juin 1999 à Turin en Italie par Richard Binzel, chercheur au Massachusetts Institute of Technologie, lors d’une réunion de l’IMPACT - International Monitoring Programs for Asteroid and Comet Threats -, du groupement des experts les plus compétents dans le domaine des “frôleurs de Terre”. Le 22 juin, il fut officiellement adapté par l’Union Astronomique Internationale (UAI). Mais le désir d’adresser au public des rapports plus clairs n’avait pas été le seul motif pour travailler pendant cinq ans sur ce schéma qui, d’après le nom de la ville de sa présentation, fut baptisé “échelle de Turin”. Il est aussi destiné de servir de base de communication aux scientifiques qui, grâce à lui, pourraient à l’avenir échanger des informations sur leurs observations sans avoir besoin de se répandre en explications plus complexes. Leur tâche ainsi simplifiée, ils gagneraient du temps et auraient la possibilité d’intensifier les contacts avec leurs collègues à l’échelle internationale. L’UAI voit ici un moyen d’éviter des annonces prématurées d’observations alarmantes. Son idée est de persuader les chercheurs de suivre un modèle de collaboration élaboré : celui qui tomberait sur un objet menaçant rapporterait son estimation du niveau de danger d’abord au président du groupe des chercheurs qui, au sein de l’UAI, travaillent sur les PHAs. Et seul au moment où tous les experts se seraient exprimés et auraient consenti à ce que l’orbite d’un nouveau corps expose la Terre à un risque plus grave que celui défini par le premier degré de l’échelle de Turin, l’information serait publiée sur la page web de l’institut.

Depuis longtemps, les astronomes sont d’accord sur le point que le besoin d’une base commune se fait effectivement sentir de plus en plus. C’est que des projets comme LINEAR ou NEAR ne réussirent pas seulement à éveiller l’intérêt du public, ils firent aussi augmenter le nombre des PHAs nouvellement découverts. La question de leur classification s’impose alors d’urgence.

Le principe de l’échelle est emprunté à celle qui classe les séismes. Elle part de l’idée que personne ne s’inquiète lorsqu’un tremblement de Terre du premier degré sur l’échelle de Richter est annoncé. La nouvelle échelle suit absolument ce schéma. Elle consiste en once niveaux, zéro à dix, divisés en six groupes désignés par un code de couleurs. Les niveaux expriment d’abord la probabilité d’un impact - une disposition basée sur l’observation et le calcul des orbites des objets connus - puis la quantité de l’énergie libérée au cas où l’impact aurait lieu. Cette énergie est calculée à partir de la taille et de la densité estimées du corps d’un côté, de sa vitesse de déplacement d’un autre.

La première catégorie, caractérisée par la couleur blanche, ne contient que le niveau zéro qui représente les petits objets sans aucune chance de traverser l’atmosphère terrestre : un événement de ce niveau ne tire probablement pas à conséquence.

Le groupe vert inclue les degrés un et deux, signalant que l’on a affaire à un objet qui mérite d’être observé soigneusement. Un corps appartenant au premier niveau n’a qu’extrêmement peu de chances d’entrer en collision avec la Terre ; chez un astéroïde du deuxième degré, un tel événement n’est toujours pas très probable.

Dans la catégorie jaune, on parle des objets dont l’itinéraire devrait sérieusement être surveillé par les experts. Ceux du troisième groupe ont un pour cent ou plus de chances de causer des dégâts sur le plan local. Le quatrième groupe signale le même risque, mais sur un territoire plus large, tandis que les corps de la cinquième classe ont déjà beaucoup plus de chances de provoquer des dégâts relativement graves sur un niveau régional. Toutefois, depuis plusieurs décennies, pas un seul objet destiné à la catégorie jaune ne put être observé.

Avec le code orange, on entre dans le champ des “événements inquiétants”, susceptibles d’arriver une fois tous les 50 à 1000 ans. Ici, il est question d’objets qui disposent d’assez de masse pour traverser l’atmosphère terrestre et causer une catastrophe à un niveau régional ou même global. Mais jusqu’à présent, un tel désastre ne frappa qu’une fois tous les cent ans ou moins. La catégorie inclue trois classes - six à huit - dont la première prévoit une rencontre assez proche entre la Terre et un astéroïde, avec un risque important de collision qui pourrait provoquer une catastrophe globale. Au septième niveau, ce risque est déjà extrêmement élevé, et la huitième classe contient les corps où une collision est inévitable et le risque de destructions locales pratiquement à cent pour cent.

La catégorie rouge parle des catastrophes qui, selon les experts, appartiennent plutôt au domaine de la science fiction. Un événement du neuvième groupe, une collision qui causerait de graves dégâts au niveau régional, n’aurait lieu qu’une fois dans 1000 à 100.000 ans, tandis qu’une collision de dixième classe qui entraînerait une catastrophe climatique globale arriverait moins d’une fois tous les 100.000 ans.

Pour les scientifiques, il est très peu probable que les degrés élevés auraient souvent la chance d’entrer en jeu. Selon “l’inventeur” de l’échelle lui-même, aucun objet détecté jusqu’à ce jour ne pourrait être classé que dans la catégorie zéro.


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