Lorsque l'astrophysique a
commencé à s'intéresser au mouvement des planètes autour du Soleil,
elle a trouvé des lois empiriques (les lois de Kepler), puis les a
expliqué grâce à une théorie mathématique puissante : la gravitation de
Newton. De proche en proche, on se demande comment le Système Solaire
est né, et en particulier ce qui fait du Soleil un astre particulier
dans ce système. Parallèlemment, on s'est intéressé aux étoiles. Les
techniques de mesure évoluant, on a bientôt été en mesure de les
classer, dans l'espoir de trouver des "familles" d'étoiles, ayant les
même propriété, et surprise !! : toutes les étoiles s'avèrent être de
même nature, mais observées à des moments différents de leur vie. On
peut même raconter l'histoire d'une étoile, expliquer comment elle se
forme, évolue, puis finalement s'éteint. Aujourd'hui, les étoiles sont
les astres que l'on connaît le mieux parmis tout ce que l'on peut
trouver dans cet Univers (surtout depuis que le schéma de naissance
d'un cortège planétaire a volé en éclat).
Puis vint un tournant
important : la Voie Lactée n'est pas la seule galaxie de l'Univers,
mieux encore, elle est banale, et ne joue aucun rôle particulier. Sur
la lancée, on se jette corps et âme dans l'étude de ces nouveaux
"astres". Mais les problèmes commencent à surgir, et il faudra sans
doute beaucoup de temps avant de les résoudre complètement et de façon
satisfaisante...
90% de la masse de l'univers restent à trouver
Quel
est le problème avec les galaxies? Les étoiles sont constituées
d'atomes (un nombre inimaginablement grand) et on a fini par règler la
question. Les galaxies sont faîtes d'étoiles, mais au fond le problème
est le même ! C'est faux, car une galaxie est un système non
collisionnel alors que les étoiles sont des systèmes collisionnels par
excellence (l'énergie des étoiles provient de la collision de noyau
d'atomes !) : dans une galaxie, aussi riche en étoile qu'elle puisse
sembler, les étoiles n'ont que très peu de chance de se rencontrer et
d'entrer en contact. Il faut en moyenne 10
17
années pour que
deux étoiles se perturbent... L'univers est trop jeune pour que ce
phénomène ait déjà eut lieu ! Rendez-vous compte à quel point
l'événement est rare. Cela peut sembler bête, mais toute la différence
est là. Les équations qui régissent les propriétés des galaxies
deviennent insolubles, et nous voici obligés d'appeler l'ordinateur en
renfort pour effectuer des simulations numériques ; et c'est beaucoup
dire, car si l'on voulait effectuer la simulation de l'évolution d'une
galaxie (avec toutes ses étoiles et en 3D), il faudrait que
l'ordinateur fasse dix mille milliards de milliards de calculs pour
décrire son évolution lors d'un pas de calcul: totalement hors de nos
portées. Il faut donc expérimenter avec un nombre réduit d'étoiles, et
en 2D pour pouvoir observer ce que donne la relativité générale pour
une galaxie.
Avoir fait des essais pour comparer théorie et
réalité ne récompensa pas le nombre de calculs qu'il a fallu faire : la
réalité est totalement différente des prévisions (les étoiles des
galaxies orbitent beaucoup trop vite et auraient du s'en échapper
depuis bien longtemps, les structures spirales semblent être éphémères
et ne durer que deux ou trois rotations de galaxie, les effets de
lentille gravitationnelles auraient du être beaucoup plus faibles, des
galaxies irrégulières dont la forme reste innexplicable, etc.). Même le
modèle du
Big Bang fini par être touché : des galaxies ne satisfont
plus à la belle loi de Hubble qui dit de que plus une galaxie est
éloignée, plus elle s'éloigne de nous rapidement. C'est le coup de
grâce pour ce modèle dit standard, déjà mis à mal par la découverte
d'étoiles beaucoup plus vieilles que l'univers.
Du coup, on
raisonne à l'envers. On part de ce que l'on observe et on cherche la
distribution de masse qui pourrait en être responsable. Prenons une
galaxie, on peut estimer sa masse grâce à sa luminosité, et partant de
cette masse, on calcule la vitesse théorique de ses étoiles : pas de
chance, les résultats sont biens trop petits. Alors on part des mesures
et on remonte à la masse de la galaxie : stupeur, elle est 90% de fois
plus élevée que ce que donnait la mesure via la luminosité. Alors
faut-il changer le modèle de la gravitation, ou autre choses ? C'est
possible, mais ce modèle prévoit tout de même tout ce qui est observé,
mais pas avec les bons ordres de grandeur. C'est pourquoi on a préféré
trouver autre chose : si une galaxie est plus massive que ce que sa
luminosité laisse penser, c'est qu'une grosse partie de la masse d'une
galaxie nous est invisible. Vous avez dit matière noire?
Matière noire insaisissable
Très
vite, on s'est mis à la chercher, avant même de s'assurer qu'une autre
explication ne serait pas meilleurs ; et pour cela, il a fallu
déterminer de quoi elle pouvait être composée. On s'est logiquement
tourné vers l'antimatière, grande absente de l'univers : lors du
Big Bang, matière et antimatière ont été créees en quantités égales, mais
aujourd'hui l'antimatière semble avoir totalement disparue. Pour
pouvoir la rendre responsable de la masse cachée, il faudrait pouvoir
expliquer sa discrétion, d'autant plus que l'antimatière réagit
violemment avec la matière (c'est la réaction la plus énergétique
connue à ce jour), et si de l'antimatière se cachait dans les galaxies,
comment expliquer quelle reste indétectable optiquement ? On ne s'est
pas posé la question bien longtemps...
On s'est alors tournés
vers une autre forme de matière, en engageant la responsabilité des
neutrinos. Ces particules sont plus nombreuses que les photons, et on
ignorait à l'époque si elles avaient une masse, mais qu'elle en ait une
pourrait régler la question de la masse cachée. Et on leur a trouvé une
masse ! Mais elle fut beaucoup trop faible pour au moins expliquer 20%
de la masse cachée. On s'est tourné vers les particules exotiques : ces
particules n'ont même pas encore été observées, et sont très très
massives (ce sont des particules issues de la supersymétrie), mais
aussi très instables. Il est donc relativement peu probable qu'elles
soient responsable de la masse manquante de l'Univers.
L'option
suivante est un peu plus récente : les naines brunes. Ce sont des
étoiles avortées, de sorte de grosses planètes gazeuses (Jupiter aurait
pu devenir une étoile si sa masse avait été bien supérieur), qui èrent
dans les galaxies, et entre les galaxies (d'après de récents
résultats). On les détecte par effet de lentille gravitationnelle : on
programme un télescope pour qu'il observe une centaine d'étoiles, et
pour détecter d'infimes variations de luminosité. Ce phénomène met en
évidence le passage d'un corps entre nous et l'astre visé, et permet de
détecter la naine brune. Malheureusement, le nombre de naine brune
effectivement détecté fut beaucoup trop faible, comparé au nombre que
l'on aurait statistiquement du détecter pour expliquer la nature de la
matière noire. Encore une fausse piste.
A la recherche de la matière noire
On'a
toujours pas abandonné la recherche de cette masse cachée, surtout en
ce qui concerne la dynamique des galaxies : c'est quand même l'étape
suivante après la compréhension des étoiles (je ne prétends pas que les
étoiles n'ont plus de secrets pour nous :-) ). Il faut absolument
savoir par quel miracle les galaxies n'explosent pas quand on voit la
vitesse avec laquelle orbitent leurs étoiles. C'est pour ça que l'on
s'est intéressé à la distribution que doit avoir cette mystérieuse
matière noire pour expliquer tout ce que l'on ne comprend pas dans les
galaxies (et que l'on a pour l'occasion mis sur le dos de la matière
noire). On a donc fini par trouver une distribution, qui explique les
vitesses élevées des étoiles, la structure spirale des galaxies, et
quelques autres phénomènes. Tout va bien alors ! Non, parce qu'il reste
à expliquer pourquoi la matière noire se serait arrangée de cette
façon, et toute la question est là. Depuis, on a un peu avancé, et on
pense que cette matière noire serait de l'hydrogène à très basse
température (moins de 2,5°K, c'est à dire moins que le rayonnement
rémanent du
Big Bang, ce qui explique qu'on ne l'observe pas).
Périodiquement, les galaxies aspireraient cet hydrogène, remplissant
leur distribution de matière noire, et permettrait à la structure
spirale des galaxies de se former périodiquement. Ce modèle est le
modèle de la matière sombre. Il n'explique toujours pas d'où sort la
distribution, ni d'où provient l'hydrogène molculaire qui alimente le
stock...
Ce modèle est en très grande concurrence avec un modèle
développé conjointement au modèle des cordes, l'avenir de la physique,
unifiant enfin relativité et quantique : le modèle de la matière ombre.
La matière ombre, solution de bien des problèmes
Ce
modèle part d'une supposition : l'Univers contient de la matière,
certes. Cette matière est la matière usuelle, celle que l'on connaît
bien, avec son antimatière (toujours disparue). Mais l'Univers
contiendrait également de la matière ombre, c'est à dire une version
parallèle de notre monde de matière, fait d'une autre sorte de matière.
Aucune interaction ne peut avoir lieu entre matière et matière ombre
mis à part la gravitation (c'est à dire que nous ne pouvons pas
observer directement la matière ombre, de même qu'un être de matière
ombre de nous verrait pas). Les deux mondes n'en forment en fait qu'un,
et se sont tous deux développés à partir du
Big Bang commun, mais
indépendemment. Cela signifie que leur vitesse d'expansion peut être
différente (c'est même souhaitable pour la théorie, mais j'y viens),
que les constantes universelles peuvent être différentes (la vitesse de
la lumière par exemple), etc. Ces deux mondes sont donc finement
entremêlés, mais n'agissent entre eux que par le biais de la
gravitation (cela peut paraître étrange, et un peu science fiction,
mais c'est mathématiquement très valable et parfaitement décrit).
D'ailleurs, parlons un peu de ce lien gravitationnel entre ces deux
mondes : tout est partie du concept de relativité (encore lui) : il n'y
a pas de raison que le monde parallèle fonctionne différemment, donc la
relativité (et donc les lois de la gravité) fonctionne de la même façon
là bas qu'ici. Si l'on admet qu'une masse de matière ombre puisse
influencer gravitationnellement une masse de matière, ce la veut dire
que la force de gravitation qui agit sur une masse quelconque est en
fait une force couplée résultant de la distribution de matière et de
matière ombre. Reste à définir un détail qui a son importance (du coup
ce n'est plus un détail) : l'action de la matière ombre sur la matière
doit-elle être considérée comme une action attractive ou répulsive ?
Les
essais ont très vite montrés qu'une action répulsive donnait les
résultats les plus riches (en toute honnêteté, si l'action était
attractive le modèle rejoindrait celui de la matière sombre avec les
mêmes inconvéniants). Il est très vite apparu que les deux mondes
devaient être miroirs l'un de l'autre (chez nous c'est la matière qui
prédomine, là bas c'est l'antimatière, et il en va de même pour tout un
tas d'autres paramètres qui ont des orientations opposées dans chacun
des deux mondes). Mais à quoi sert toutes cette théorie (qui finalement
paraît plus invraisemblable que le modèle de la matière sombre) ? A
quoi elle sert ? Je vous le donne en mille : elle résout pratiquements
tous les problèmes que le modèle standard rencontre en ce moment. Fini
la question de savoir pourquoi les
amas de galaxies s'organisent "en
bulles" au lieu de faire de vulgaires super-amas de galaxies, pourquoi
certaines galaxies sont de belles spirales, avec des barres ou pas, ou
complètement tourmentées. Terminé les interrogations sur l'origine des
quasars, des effets de lentille gravitationnelles trop élevés, de la
vitesse de rotation des étoiles dans les galaxies, les étoiles qui sont
plus vieilles que l'univers, l'origine des galaxies de Seyfert, ...
C'est magique ! Mais vous me direz que c'est le même problème, comment
justifier le modèle de base ? En fait, c'est l'expérience qui validera
la base : le modèle prévoit tout un ensemble de phénomènes que l'on n'a
pas encore observés (mais certains ont déjà été confirmés). Mais la
différence avec la matière sombre, est que le modèle de matière ombre
propose de voir l'univers d'une autre façon, façon qui explique presque
tout (même ce que modèle standard prédisait), alors que le modèle de
matière sombre garde la même vision de l'Univers, les même règles;
alors dans ce cadre, il faut que l'on puisse expliquer pourquoi
l'hydrogène se condense dans les galaxies, car sinon ça devient un
nouveau mystère.
Grâce au modèle de la matière ombre, le cas
matière noire est alors règlé de façon très élégante : il n'y en a pas.
Tout ce dont la matière noire était accusée serait en fait la
manifestation d'un Univers de matière ombre, parallèle au nôtre. La
matière ombre est vraiment très efficace pour expliquer l'évolution des
galaxies. Matière et matière ombre se repoussent : du coup, celui des
deux mondes parallèle qui a l'expansion la plus lente, qui a donc la
densité la plus élevée, mène la danse chez son compère. Dans notre cas,
c'est notre monde qui a l'expansion la plus rapide, et c'est donc lui
le monde soumis. La force d'antigravitation qui modélise l'action de la
matière ombre sur la matière est la plus forte, et permet aux galaxies
de matière ombres de se regrouper en super amas (comme prévu chez nous
sans matière ombre). Ces super amas agissent comme des pôles répulsifs
et repoussent la matière qui va finalement se stabiliser aux
barycentres de tous ces points, s'organisant comme s'organise le savon
à la surface d'un réseau de bulles, qui n'est pas sans rappeler la
structure en éponge de notre univers.
Point de vue galaxie de
matière, elle se trouve comprimées par tous ces pôles répulsifs, ce qui
agit conjointement à la force centripète de chaque étoile, et permet
d'expliquer pourquoi celles-ci orbitent à une telle vitesse. Cette
compression explique aussi l'existence et la persistance de bras
spiraux ; mieux, la forme des bras spiraux est directemet relié à
l'intensité de la compression que subit la galaxie en question.
Numériquement, on a retrouvé toutes les géométries de bras spiraux que
l'on ait observé jusqu'à maintenant.