Plongeons-nous au coeur d'une galaxie. Peu de
temps après sa formation, dans son noyau surpeuplé, des étoiles se sont
télescopées, et en quelques millions d'années (un clin d'œil pour les
cosmologistes) un énorme amas s'est constitué, croissant jusqu'à ce que
sous l'effet de sa propre gravité il referme sur lui le tissu de
l'
espace. Un objet étrange s'est alors formé, une toute petite zone de
l'espace refermant en son sein la masse de la centaine de millions
d'étoiles disparues dans le cataclysme : un trou noir supermassif.
Depuis, tout ce qui approche de trop près ce gouffre est condamné à y
disparaître; même l'insaisissable
lumière ne peut lui échapper. Mais
les étoiles n'y tombent pas d'un bloc; avant cela, les forces de marée
les déchiquettent, et ce sont leurs débris qui se précipitent dans le
gouffre. Autour du trou noir, l'espace est en rotation, et la matière
stellaire descend en spiralant dans un disque vers le trou noir; la
rotation s'accélère vertigineusement à l'approche de ce qu'on appelle
l'horizon, limite entre l'espace "normal" et celui du trou noir. Deux
masses de gaz qui sont à des
distances voisines, mais non égales, du
centre se frottent très violemment, s'échauffent à plusieurs milliers
de degrés. Le disque d'accrétion devient un objet extraordinairement
lumineux, plus lumineux à lui seul que toute la galaxie-hôte avec ses
dizaines ou centaines de milliards d'étoiles. Cela donne ce que l'on
appelle un
quasar, un des objets les plus brillants de l'univers,
encore visible quand la distance éteint à nos yeux les galaxies...
Comme pour produire du feu, il a suffi de frotter, d'apporter de
l'énergie mécanique, pour produire de la
lumière...